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Avec le temps...

Toute entreprise humaine naît et se développe dans le temps. Une salle de spectacle aussi a ses temps, ses rythmes, ses saisons. La dix-huitième se profile à l’horizon où, comme dit la chanson, les feuilles mortes, et surtout les feuilles vives et les fleurs, se ramasseront à la pelle.

A Beausobre, le temps est au changement comme à la continuité. Au chapitre des nouveautés, une billetterie saison et un hall d'entrée réaménagé, à l'atmosphère théâtralisée, pour mieux créer les conditions du dépaysement, de l'envol vers un autre monde.

Les spectacles, eux, s'inscrivent dans le droit fil de la tradition "beausobrienne" et de son éclectisme revendiqué, tout en la renouvelant: du théâtre pour se divertir ou s'interroger, de la chanson française classique ou réinventée, des spectacles du monde, autant de feux d'artifice d'un soir, éphémères et qui pourtant laissent des traces dans le cœur et dans la mémoire.

La merveille, dans une salle de spectacle, c'est que le temps, comme l'implorait le poète, y suspend son vol, que des portes s'ouvrent sur d'autres dimensions - car le temps de l'art, qui parle à l'âme, n'est pas horloger mais ailé. Un temps d'anges et de grâce, habité.

Au théâtre, on s'arrête, on sort du temps ordinaire pour entrer dans un temps et un espace extra-ordinaires. Là se rencontrent sans opposition le rêve et la réalité, l'instant et l'éternité, le relatif et l'universel.

Si, avec le temps qui va, tout s'en va, comme le chantait Léo Ferré, une exigence demeurera aussi longtemps que possible: rester, mes collaborateurs et moi-même, des passeurs d'émotions, profondes, authentiques et durables. Au Théâtre de Beausobre et à ses hôtes d'un soir, c'est un supplément d'âme, des heures de pur bonheur que nous voulons donner. Et comme le bonheur, dit-on, veut l'éternité, puisse la saison 2003-2004, avec ses temps forts, en offrir un avant-goût!

Jean-Marc Despond